Ils
ont subi le même terrible sort, le même jour. Narainen Valaydon, 76
ans, et Iswhur Dinnoo, 46 ans, ont été mortellement agressés par des
individus dans la soirée du lundi 19 janvier, le premier à Mahébourg et
le second à Plaine-Magnien. Les deux hommes laissent derrière eux des
familles bouleversées qui n’arrivent pas à comprendre ni les motifs ni
la violence derrière ces agressions. Une troisième famille, elle, pleure
amèrement l’un des siens qui est mort un mois après avoir été tabassé
par son propre fils. Les proches des victimes témoignent…
Savitree, la fille de Narainen Valaydon, 76 ans : «Il a été agressé pour une histoire d’argent»
Ceux qui étaient venus lui rendre un
dernier hommage mardi dernier ont eu bien du mal à le reconnaître sur
son lit de mort. Narainen Valaydon, 76 ans, portait un épais bandage sur
une partie du visage pour cacher ses multiples blessures reçues lors de
l’agression qui lui a coûté la vie le lundi 19 janvier. Le jour des
funérailles, ses proches étaient partagés entre tristesse,
incompréhension et choc.
La tristesse d’avoir perdu un être cher,
l’incompréhension et le choc devant la façon dont il a perdu la vie,
soit dans des circonstances terribles. Cet habitant de Mahébourg a été
retrouvé gisant dans une mare de sang à son domicile. Il a rendu l’âme
quelques heures plus tard à son arrivée à l’hôpital de Candos. Selon la
police, cet ancien chauffeur d’un corps paraétatique, qui vivait seul
depuis le décès de son épouse, a été roué de coups et a également été
agressé à l’arme blanche.
Il aurait été tabassé à mort pour avoir
proposé à une jeune femme de 16 ans, Pooja, d’avoir des relations
sexuelles avec lui contre paiement. Il aurait déjà eu de tels rapports
dans le passé avec l’adolescente. Mais cette fois, celle-ci aurait
refusé et mis au courant son petit ami Jason St-Mart qui se serait
pointé chez le vieil homme avec d’autres complices pour lui donner une
leçon. Après le drame, Pooja, Jason, 24 ans, et son frère Steeve, 33
ans, ont été arrêtés et inculpés provisoirement d’assassinat.
Mais la famille ne croit pas du tout en
cette histoire de proposition indécente qui a mal tourné. La fille de
Narainen Valaydon, Savitree Boyragee – il a aussi une autre fille et un
fils – s’insurge : «C’est totalement faux. Mon père n’était pas comme
cela. Il n’a jamais eu de problème avec personne. Il était très pieux et
se dévouait à sa famille. Il était très en forme pour son âge et était
très populaire dans son entourage. C’était également un farceur.»
Savitree n’arrête pas de penser, avec horreur, à la façon dont son père
est mort et à la violence à laquelle il a dû faire face dans les
dernières heures de sa vie : «Mon père était méconnaissable sur son lit
de mort à cause des coups. Ses agresseurs se sont acharnés sur lui. Ils
lui ont aussi brisé un bras. Zot inn fer mari dominer ar li. C’est un
choc terrible pour tous les membres de notre famille.»
Selon les proches de Narainen Valaydon,
ce dernier aurait été tabassé à mort alors qu’il revenait de la boutique
du coin où il était allé s’acheter des cigarettes. Leur thèse, c’est
que le septuagénaire aurait été suivi chez lui par ses agresseurs qui
l’auraient tabassé pour une histoire d’argent. «Au moins cinq personnes,
tous originaires de Mahébourg, ont tabassé mon père. Il y aurait même
une femme dans la bande, à en croire les témoins. Mon père connaissait
cette fille et les autres, car ils lui demandaient souvent de l’argent
pour s’acheter des cigarettes, entre autres choses. On m’a fait
comprendre qu’il aurait déjà eu des embrouilles avec ces personnes-là
dans le passé à cause de ces nombreuses demandes. Cette fois, elles
l’ont tabassé parce qu’il a refusé de leur donner des sous», soutient
Savitree.
Elle a appris l’agression ce soir-là à
travers une voisine de son père. «Elle m’a appelée pour me dire que mon
père avait été battu et qu’il gisait à terre, dans sa cour. Quand mes
proches et moi sommes arrivés sur les lieux, la police l’avait déjà
transporté à l’hôpital. Les policiers nous ont dit qu’il avait été battu
et poignardé», raconte la benjamine de Narainen Valaydon qui habite à
quelques pâtés de maisons de celle de son père.
Lorsque Savitree et les siens sont
arrivés à l’hôpital de Mahébourg, Narainen Valaydon était déjà pris en
charge par une équipe. «L’un des médecins nous a dit que l’état de santé
de mon père était très critique. Il saignait abondamment du nez. Le
personnel soignant a alors pris la décision de le transférer à l’hôpital
de Candos où il devait passer au scanner. Hélas, il a rendu l’âme à son
arrivée sur place.»
Les funérailles de Narainen Valaydon ont
eu lieu le mercredi 21 janvier, après l’arrivée de sa fille aînée au
pays. Cette dernière vit en France. C’est avec une immense émotion que
ses enfants et autres proches lui ont dit un dernier adieu.
Pooja, 16 ans : «Cet homme voulait avoir des relations sexuelles avec moi pour Rs 500»
Une histoire dans une autre. Narainen
Valaydon aurait été tabassé à mort pour une histoire de sexe et
d’argent. C’est du moins ce qu’avance Pooja, celle par qui tout serait
arrivé. Selon les dires de cette adolescente de 16 ans, son petit ami se
serait rendu chez le septuagénaire le soir du drame, accompagné d’amis,
pour lui régler son compte : «Cet homme voulait avoir des relations
sexuelles avec moi pour Rs 500.»
Pooja, qui aurait eu des relations
sexuelles avec Narainen Valaydon dans le passé contre paiement, raconte
l’avoir rencontré à la boutique du coin : «Quand il m’a fait cette
proposition, je l’ai giflé. Il m’a alors insultée. J’ai appelé mon petit
ami pour le mettre au courant. Il était très en colère et s’est rendu
au domicile du vieil homme avec un groupe d’amis pour lui demander des
explications.» Les jeunes gens ont d’abord brisé plusieurs vitres de la
maison de Narainen Valaydon à coups de pierres, avant que l’un d’eux ne
franchisse le mur entourant la maison pour ouvrir le portail. L’homme a
été ensuite agressé dans sa cour, notamment à l’arme blanche.
Peu après le drame, la police a
appréhendé Pooja, son petit ami Jason St-Mart et le frère de celui-ci,
Steeve. Le lendemain, ils ont comparu en cour où une charge provisoire
d’assassinat a été logée contre eux. Ce qui révolte les proches de
Narainen Valaydon. «Tou sa bate mo papa in gagne la, enn sel dimun la
polis inn arete. Nu pa dakor ar sa ditou», s’insurge Savitree, la fille
de la victime.
Selon certains habitants de la localité
où habitent les protagonistes du drame, Pooja serait une adolescente à
problèmes depuis que sa mère, âgée de 39 ans, a quitté le toit conjugal
pour aller habiter chez son amant de 22 ans. Depuis, la jeune fille fait
le va-et-vient entre la nouvelle maison de sa mère et celle de son père
qui se situe non loin du domicile de Narainen Valaydon. Les gens de
l’endroit disent aussi que ce dernier était «vicieux et voyeur». Ce que
réfutent catégoriquement les proches du septuagénaire, très en colère
que de telles insinuations viennent salir sa mémoire. L’enquête, quant à
elle, se poursuit et d’autres arrestations sont à prévoir.
Meenka, la fille d’Iswhur Dinnoo, 46 ans : «Mon père Iswhur est décédé à cause de Rs 200»
Ils étaient déjà orphelins de mère,
voilà qu’ils sont aujourd’hui orphelins de père également. Les enfants
d’Iswhur Dinnoo, deux filles de 20 et 13 ans, et un fils de 16 ans, se
remettaient avec difficulté de la mort de leur maman, il y a deux ans,
des suites d’un ulcère. Voilà qu’un autre drame leur tombe dessus. Leur
papa les a quittés le mardi 20 janvier, dans des circonstances pour le
moins tragiques.
Cet habitant de Plaine-Magnien a connu
une fin atroce après avoir été tabassé à mort par trois personnes de sa
localité. Son corps sans vie a été retrouvé par la police à la rue
Cross, Plaine-Magnien, à proximité d’une succursale de Supertote. Il
avait plusieurs blessures, notamment au visage et aux avant-bras. Selon
le rapport d’autopsie, la victime est décédée suite à de graves
blessures à la tête.
Les suspects ont été arrêtés et placés
en détention. Imteaz Chettee, un récidiviste notoire de 37 ans, Akmez
Surooprajally, un cordonnier de 18 ans, et Savish Prevost, âgé de 21
ans, sont passés aux aveux. Une affaire d’argent serait à l’origine de
cette tragédie. «Mon père est mort à cause de Rs 200. D’après la police,
les trois suspects en voulaient à son argent et c’est pour cela qu’ils
l’ont tabassé. C’est horrible de penser qu’en 2015, les gens tuent
toujours pour un peu d’argent», pleure Meenka, l’aînée d’Iswhur Dinnoo,
qui a appris la terrible nouvelle le lendemain seulement.
Le soir du drame, Iswhur Dinnoo était,
semble-t-il, sorti prendre l’air après le dîner et s’acheter des
cigarettes, comme à son habitude. «Je travaille comme superviseur dans
le service de sécurité d’un grand magasin à Bagatelle et je suis rentrée
chez moi vers 23h30. La porte principale de la maison n’était pas
fermée à clé. La porte de la chambre de mon père était également
ouverte. Le bol dans lequel il mangeait son repas était entreposé dans
l’évier et je pensais qu’il allait vite rentrer après sa sortie du soir
habituelle. Je suis allée dormir peu après», raconte Meenka.
À son réveil vers 6h30 le lendemain
matin, la jeune femme, ne voyant pas son père dans la maison, a cru que
ce dernier, maçon de profession, était déjà parti travailler. «Il se
réveillait très tôt pour se rendre sur les chantiers. Mais quelque chose
m’avait semblé bizarre ce matin-là. Son lit n’était pas défait, à
croire qu’il n’avait pas dormi dedans. Finalement, je me suis dit qu’il
avait dormi devant la télévision, comme il le faisait parfois, et j’ai
vaqué à mes occupations avant d’aller travailler», confie Meenka.
En vérifiant ses appels et messages
pendant l’heure du déjeuner, elle constate qu’elle a deux appels
manquants d’un numéro dont elle apprendra plus tard que c’est celui du
bureau de la Criminal Investigation Division de sa localité. «J’ai
rappelé et un préposé m’a fait comprendre que la police a retrouvé un
cadavre et qu’il fallait l’identifier. Sur place, j’ai tout de suite
reconnu mon père à son orteil et au T-shirt qu’il portait. Son visage
était complètement défiguré. Les policiers ont dû me montrer des photos
pour l’identification.»
Selon Meenka, son père a connu une fin
particulièrement horrible : «Quand ses agresseurs ont vu qu’il avait de
l’argent sur lui, ils l’ont giflé et mis des coups de pieds au ventre.
Ensuite, ils l’ont tailladé aux bras, au ventre et au dos avec un
cutter. Mon père, qui était solide, a dû se défendre et c’est à ce
moment-là qu’ils lui ont assené un coup de brique sur la tête. Sa mem
kinn touy li sa.»
Aujourd’hui, elle n’a qu’un souhait :
«Nous espérons que justice sera faite. Mon père ne méritait pas de
mourir ainsi. On nous a fait comprendre qu’il a beaucoup souffert. Je ne
souhaite à personne de vivre ce que nous vivons actuellement.» Iswhur
Dinnoo laisse derrière lui des enfants complètement perdus tant leur
douleur est grande. Avec ce tragique départ, ils se retrouvent privés de
leurs deux parents à tout jamais.
Clifford Petite, battu par son fils, décède après un mois : La détresse de ses proches
La disparition d’un être cher, battu à
mort par un étranger, est une épreuve très dure à vivre. Mais lorsque
l’être cher en question a été mortellement agressé par un membre de la
famille, la peine devient insurmontable. C’est la triste réalité que vit
la famille Petite de Chemin-Grenier. Clifford Petite, un vigile de 56
ans, a été tabassé par son fils Fabrice Louis Petite le 12 janvier,
suite à une dispute. Le dimanche 18 janvier, l’homme a été admis à
nouveau à l’hôpital de Souillac, car son état avait empiré. Quelques
heures plus tard, il a rendu l’âme.
Après le drame, la police a arrêté le
présumé agresseur. Fabrice Louis Petite, 23 ans, a été présenté en cour
sous une charge provisoire de coups et blessures sans intention de tuer,
avant d’être conduit en cellule policière jusqu’à sa prochaine
comparution.
Virginie Petite, la fille de la victime,
est inconsolable depuis sa disparition tragique. Pour elle, ce drame
aurait pu être évité. «Mon père était quelqu’un de très calme. Il
travaillait dur pour que sa famille ne manque de rien. On est à cinq
enfants, le plus jeune a 8 ans. Ma mère ainsi qu’un de mes frères
souffrent d’un handicap mental. Mon père ne supportait pas qu’on abuse
d’eux de quelque manière que ce soit. Et c’est pour cela qu’une bagarre a
éclaté», explique Virginie, sous le choc.
Elle poursuit son pénible récit : «Mon
frère avait fait la connaissance d’une femme qu’il avait ramenée sous
notre toit. Le problème, c’est qu’elle abusait de la bonté de ma mère
qu’elle prenait pour sa servante. Nous avons évoqué ce problème avec mon
frère et il s’est énervé. Quand mon père est intervenu, il s’en est
pris à lui violemment», soutient la jeune femme, très affligée.
Selon elle, son frère a changé depuis
qu’il a rencontré sa dernière conquête, il y a six mois. «Il a étudié
jusqu’en Form III, avant de rejoindre le monde du travail. Il a d’abord
travaillé comme vigile, puis il était devenu aide-camionneur. Son
comportement a drastiquement changé quand il a rencontré cette femme. Le
jour de cette horrible dispute, mon frère était sous l’influence de
l’alcool. Voilà le résultat», regrette Virginie. Sa famille n’est pas
près de surmonter une telle épreuve.